Ce jour-là, je suis allé à la Centrale Pénitentiaire 
            de St Martin de Ré pour rencontrer Mounir comme presque chaque 
            jour. Ce jour-là, Mounir purge son dernier jour de prison. 
            Il va passer sa dernière nuit derrière les barreaux.
            Depuis 3 ans je le filme, d’abord pour réaliser un premier 
            documentaire « La Liberté Prêtée » 
            où Mounir, détenu sans histoire, a pu bénéficié 
            d’une permission pour aller courir un raid extrême là-bas 
            en forêt amazonienne. Puis à son retour en cellule où 
            j’ai pu le suivre vers la sortie, vers la liberté, enfin 
            ce que tous nous pensions.
            A trois mois de sa sortie, Mounir a appris qu’il est touché 
            par la double peine. Alors j’ai décidé de le suivre 
            encore, cette fois, dehors, mais il est sans papier, il est passé 
            brutalement du monde des détenus à celui des ombres. 
            Nous avons passé beaucoup de temps ensemble depuis trois ans. 
            Un jour, Mounir m’a dit qu’il me connaissait depuis plus 
            de vingt ans.J’avais, c’est vrai, en 1983, réalisé 
            mon premier documentaire, il s’intitulait « Je suis français 
            moi monsieur », j’avais tourné dans les cités 
            nord de Marseille, Mounir, gamin de 12 ans déjà nous 
            regardait travailler et c’est là en fait que cette histoire 
            a vraiment commencé.