VEILLÉES
D’ARMES France - 1994 - 233 mn Réalisation : Marcel
Ophuls
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Sans emphase, et avec, toujours le salutaire recul de l’ironie.
Veillées d’armes s’ouvre sur des extraits de films
qui ponctueront toute la projection, dans un montage parfois très
drôle, de Sarajevo le jour de l’attentat du Prince héritier
aux Marx Brothers et aux entrechats de James Cagney, en passant par
la Lola Montes de Max Ophüls le père vénéré.
Il ne nous en plonge pas moins dans l’horreur de la guerre, dans
une ville en proie aux snipers, à la faim,au froid, à
la mort aveugle. Sur les pas des journalistes, ophüls nous emmène
dans les ruines, auprès des rescapés, le comédien
amputé de deux jambes, l’enfant qui rit en posant devant
la camionnette hors d’usage, le journaliste retrouvant sa salle
de rédaction en gravats, les vieillards qui courent pour arracher
quelques branchages pour se chauffer, le chirurgien qui n’a plus
d’oxygène pour opérer. Mais il nous fait partager
aussi les soirées de l'hôtel Holiday Inn, avec les journalistes,
formidables, John H Burns du New York Times, Stéphane Manier
de France 2, Paul Marchand, jeune reporter free lance, un peu cynique,
qui, quand il s’ennuie, descend en rappel les plafonds de l’hôtel,
et dénonce le confort des voitures blindées parce qu’il
faut être en danger soi-même pour dire le danger, avec les
cameramen et les photographes, aussi, qui se sentent parents pauvres
et qui, pourtant, sont à la fois les plus modestes et les plus
exposés.
la deuxième partie nous ramène souvent à Paris, auprès des stars de l’information : Patrick d’Arvor, Alain Finkelkraut, Paul-Marie de la Gorce. Le décalage est immense, et bien visible, entre ces vedettes - qui, des documents reçus, font de brefs montages privilégiant “l’émotion”- et ceux qui, mal payés, en outre, prennent les risques sur le terrain. Chacun pourtant, s’affirme à la recherche exclusive de la vérité. Certains convainquent, d’autres non. Tous intéressent, en tout cas. Et, finalement, on retiendra la formule d’Edwy Plenel : Quitte à faire ce métier autant le faire en citoyen. (...) Annie Coppermann - Les Echos - 24/11/1994 |
INTERVENANT : Robert Ménard |