Carte blanche à l’I.R.I.S / Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux
« Recherches & engagement »
La question de l’engagement des chercheurs en sciences humaines n’a cessé de revenir dans le débat scientifique sans jamais faire consensus. Aujourd’hui, alors que face à la gestion cynique et irresponsable par nos dirigeants des problèmes de migration, d’environnement et de santé, la contestation refait surface, la question de l’engagement se pose avec une nouvelle urgence aux universitaires, eux-mêmes de plus en plus exposés à la répression, comme l’ont illustré les évènements de la faculté de droit de Montpellier en mars dernier. Les conditions- mêmes de production du savoir, de plus en plus dépendantes de contrats précaires proposés par des agences de financement qui soumettent la recherche à des logiques néolibérales et à des catégories d’expertise calquées sur une vision technocratique et managériale, constituent une entrave à la production scientifique, et amènent de plus en plus les chercheurs soucieux d’une science libre et autonome à prendre parti et militer contre l’ajustement structurel du savoir.
Face à la nécessité de combattre ces dérives néfastes à la production d’un savoir indépendant et critique, comment concilier rigueur et engagement ? En quoi l’engagement pleinement assumé des chercheurs avec le monde social qui les entoure, loin d’être uniquement envisagé de manière négative comme un obstacle à l’objectivité, peut-il aussi être propice à de nouvelles manières de produire et de diffuser de nouvelles connaissances – voire même une condition indispensable pour les produire ?